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Emma
Nicholson, une ancienne grande dame
du Parti Conservateur Britannique, a pris fait et cause pour Katiza Cebekhulu,
le témoin absent au procès Stompie pour meurtre et kidnapping. Mais elle le
protège si jalousement que la Commission de la Vérité ne peut pas l’approcher.
ANGELLA JOHNSON
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LLE a été interdite en début d’année de droit de visite aux prisons britanniques sur l’accusation qu’elle avait presque déclenché une émeute. En Afrique du Sud, elle est accusée de faire obstruction à des tentatives de la part de la Commission de la Vérité et de la Réconciliation pour s’entretenir avec un ancien membre de la célèbre équipe de football de Winnie Madikizela-Mandela à propos du meurtre de "Stompie" Seipei et de la disparition de quatre autres jeunes gens dans un incident sans lien avec le meurtre.
Emma
Nicholson, l’ancien député Conservateur britannique qui est passé dans le camp
du Parti Démocrate Libéral en 1995, semble prendre du plaisir à offenser les
gens, généralement quand elle s’occupe de prendre la défense des opprimés.
C’est
en contestant la politique du gouvernement Conservateur de conserver en prison
des gens qui cherchent seulement asile que celle qui fut une grande dame du Parti Conservateur a été
déclarée persona non grata dans tout
établissement pénitentiaire. Il a été dit que lors d’une visite dans un centre
de détention, sa présence a été la cause de « beaucoup de bruit et de
colère » de la part des détenues auxquelles elle a demandé si elles
avaient été violées.
Sa
dernière cause célèbre est Katiza Cebekhulu, dont on croit qu’il détient les
preuves d’allégations concernant l'implication de Winnie Madikizela-Mandela dans
la disparition de quatre jeunes de Soweto et dans la mort de Seipei.
Nicholson
dit que Cebekhulu ne veut pas retourner en Afrique du Sud car il a peur pour sa
vie. Elle le protège jalousement et ne veut pas révéler où il se trouve : on
pense qu’il est en Grande-Bretagne ou en Zambie (où elle l’a rencontré pour la
première fois).
Une
visite récente à Londres de la responsable des enquêtes de la Commission de la
Vérité, Dumisa Ntsebeza, n’a pas permis de trouver Cebekhulu. Sans son
témoignage, la commission est pessimiste quant à ses possibilités de découvrir
le fin fond de l’histoire de la disparition des jeunes gens.
Nicholson
se nomme elle-même la “défenseuse autoproclamée” de Cebekhulu et declare que, puisqu’elle détient une
“procuration légale complète” de sa part, elle peut témoigner en son nom. "J’ai proposé un entretien avec moi à
la CVR le mois dernier… mais ils n’ont pas donné suite", dit-elle.
Ce
n’est pas la première fois que Nicholson prend un réfugié sous son aile. C'est
une féministe libérale intéressée par un large éventail de sujets, et elle a
adopté un garçon iraqien nommé Amar après qu’elle l’a découvert dans un hôpital
londonien, la peau brulée sur 45% de son corps.
Alors
qui est ce pilier des bonnes œuvres ? Elle est née il y a 55 ans au sein
de l’aristocratie britannique; sa mère était la fille d’un comte écossais, son
père un baronnet député Conservateur, avec une fidélité à ce Parti qui remonte
à plusieurs générations. Trois oncles, 10 cousins, son grand-père et trois de
ses arrière-grands-pères appartinrent tous au Parlement.
Le
Parti Conservateur faisait partie de son héritage. Quand elle a changé de camp,
elle a été victime de diffamation, ridiculisée par ses anciens collègues et rejetée
"pour cause de ménopause et d'hystérie"; elle a été décrite comme une
femme éconduite prête à se venger de cet affront.
Il
y a des plaisanteries qui font allusion au fait qu'elle ne s'est pas mariée
avant l'âge de 45 ans, et qui insinuaient : mais qui voudrait de cette mégère ?
Des critiques ont expliqué aussi son départ du Parti Conservateur comme étant
une conséquence de sa déception face à son manque de réussite dans son ascension
au sein du Parti..
C'était
si différent de 1983 où elle fut nommée vice-présidente du Parti. Mais
Nicholson s'est rendue impopulaire. Le chef du Parti à cette période, Norman
Tebbit, a déclaré qu'il se souvient de ses pressions constantes pour de plus
grands bureaux, de plus beaux meubles, des nouveaux rideaux, plus de personnel.
Quand il en a eu assez de ses caprices et de sa folie des grandeurs, elle a du
partir sans plus aucun crédit politique.
Même
dans un parti désirant ardemment venir au pouvoir, l'ambition de Nicholson éclatait
au grand jour. On dit qu'un politicien haut placé a dit d'elle : "Pauvre
Emma... si seulement il y avait un prix Pullitzer récompensant l'ambition, elle
le gagnerait chaque année !".
Beaucoup
de gens supportaient son côté "tape à l'œil" par sympathie pour la
façon dont elle a surmonté son handicap de surdité. Nicholson a en effet perdu
la plus grande partie de son audition à cause d'une maladie à l'adolescence qui
a mis fin à une carrière prometteuse de musicienne.
Cependant,
les bonnes âmes semblent avoir disparu, même si elle est toujours prête à
parler au nom des défavorisés et des personnes dans le besoin. Cela semble être
un devoir irrésistible pour elle. Et, bien sûr, cela maintient son nom à la une
des journaux.