Notre commentaire:
Ci après un document, par l'intermédiaire d'un forum américain.
Comme d'habitude nous ne pouvons garantir la véracité de ce document, si ce n'est
que les propos semblent encore une fois cohérents avec la situation.
Nous pensons cependant que, sur ce sujet sensible qu'est l'adoption et qui nous tient tous
à coeur, que la diffusion d'informations de type "canulard" semble exclue.
Mais nous restons vigilants et préfèrons éviter les coquilles...
Béatrice & Hervé
Lettre de la Famille Tieman
Remerciements à Sylvie Gillet pour la traduction.
Madame La Baronne Nicholson
J'aimerais d'abord vous remercier de prendre de votre temps pour répondre à ma lettre.
Je voudrais aussi vous remercier de travailler en faveur des droits des enfants que nous
essayons d'aider depuis dix ans. Nous avons le plus grand respect pour le peuple roumain
et nous nous y sommes fait des amis fidèles.
L'étudiant roumain que nous avons hébergé en 1993 a bénéficié récemment d'une bourse
Fulbright et étudie actuellement ici à l'université A&M du Texas.
Ce type d'amitié devrait aider à la promotion de la paix et de la compréhension mutuelle entre nos pays.
Nous sommes tout à fait d'accord avec vous pour dire que le respect des droits des enfants
doit être notre plus grande priorité. Nous avons été consternés par la situation de certains
orphelinats roumains que nous avons vus.
Depuis 6 ans, nous apportons là-bas des provisions et, comme je vous l'ai déjà dit,
nous œuvrons avec le Rotary Club International afin de lancer un centre maternel à
Galati pour offrir aux mères un endroit où vivre et se nourrir avec leurs
enfants, de manière à ce qu'elles ne soient pas contraintes de les abandonner.
J'applaudis votre travail visant à faire décroître le nombre d'enfants dans les institutions.
Nous sommes dernièrement allés à la Réunion Nationale des Enfants Adoptés en Roumanie,
à Colorado Springs, Colorado.
Nous y avons immédiatement constaté les effets dévastateurs de longues périodes de placement
sur les enfants. Notre fils, qui a 12 ans maintenant, souffre de ces effets et nous sommes
allés de la Clinique Mayo à Rochester jusqu'au Centre Vanderbilt pour Enfants afin d'obtenir
toute l'aide nécessaire là où il en avait besoin.
Notre fille a déjà subi deux opérations à la lèvre suite à une fente palatine de naissance.
Cette aide que nous avons apportée à nos enfants n'est pas disponible en Roumanie.
La première opération de la lèvre de notre fille a en fait du être corrigée ici par des
chirurgiens américains.
Vous parlez des droits des enfants. Nos enfants n'avaient-ils pas le droit d'être adoptés e
t d'avoir une chance de connaître une vie meilleure ? N'avaient-ils pas le droit d'être aimés
par un vrai père et une vraie mère ?
Une famille d'accueil est une excellente alternative à de vrais parents mais elle ne peut
pas être comparée à l'amour et l'engagement offerts par des parents adoptifs.
Nous connaissons de nombreuses personnes en familles d'accueil ici et elles admettent
toutes que c'est nécessaire et que c'est la meilleure alternative à de vrais parents mais
elles admettent aussi que ce n'est que cela : une alternative.
Je voudrais que vous sachiez que les USA ont toujours été le chef de file, depuis des années,
de la bataille pour les droits de l'homme.
Aussi, il nous semble incroyable de vous entendre insinuer que nous ne nous soucions pas
des droits de l'enfant. Le peuple américain s'est toujours battu pour la liberté et continuera
cette lutte tant qu'il existera.
Comme n'importe quel autre pays au monde, nous considérons que tous les enfants sont
égaux en droit et que ces droits sont élevés.
C'est pourquoi tant d'américains se sont précipités en Roumanie en 1990-91 pour aider ces
enfants quand nous avons vu dans quelles conditions ils vivaient.
En ce qui concerne le fait de sortir les enfants hors de leur pays d'origine, je pensais que
c'était la priorité de l'Union Européenne que d'unir tous les pays européens dans la paix et
la compréhension mutuelle afin d'être un tout indissociable, et pas un simple ensemble
de pays de nationalités différentes.
Nous faisons beaucoup d'efforts en Amérique pour ne pas faire de distinction entre un mexicain,
un allemand, un anglais et un asiatique. Nous sommes tous égaux et vivons comme un seul peuple.
Bien sûr nous apprécions d'autres cultures et ne souhaitons pas que les différentes nationalités
perdent leur traditions. Nous voulons que nos enfants n'oublient jamais qu'ils sont roumains
en même temps qu'américains.
Nous espérons un jour retourner avec eux dans leur pays et peut-être qu'eux-mêmes voudront
s'investir dans des projets d'aide à apporter là-bas. S'ils veulent rester vivre en Roumanie,
nous n'y verrons pas d'inconvénient.
Nous voulons qu'ils aiment leur héritage mais nous voulons encore plus qu'ils aiment tous
les peuples.
Enfin, comme vous le savez, nous essayons d'adopter une autre petite fille roumaine qui
a maintenant 7 ans. Nous l'avons tenue dans nos bras et nous avons joué avec elle de
nombreuses fois, et nous l'aimons beaucoup.
Nous donnerions tout ce que nous avons pour qu'elle soit notre fille. Les employés de
l'orphelinat nous ont dit qu'elle faisait chaque soir une prière pour que nous venions
la chercher et la ramener à la maison.
Qu'en est-il de ses droits d'avoir un père et une mère ? Est-ce si important pour vous
qu'elle soit placée en famille d'accueil ou gardée en orphelinat même si les soins s'améliorent,
pour que le droit de vivre avec nous lui soit refusé ?
Chaque jour de plus pour elle là-bas est un jour où elle ne peut bénéficier de l'amour et
des soins d'une vraie mère et d'un vrai père.
J'applaudis encore votre travail en faveur des enfants mais pourquoi n'utilisez-vous pas
tous les moyens disponibles pour leur donner un foyer ?
Je suis persuadé qu'un système peut être mis au point pour s'assurer que ces enfants a
doptés reçoivent bien toute l'attention qui leur est due. Nous prions chaque soir pour
que notre petite fille soit autorisée à venir vivre avec nous.
Je vous promets qu'elle recevra autant d'amour qu'elle pourra en absorber.
Marvin Tieman.
Réponse de Madame Nicholson
Cher Monsieur Tieman,
Merci pour votre lettre sur l'adoption internationale d'enfants roumains par des citoyens américains.
En tant que Vice-Présidente du Comité pour les Affaires Etrangères, les Droits de l'homme,
la Sécurité Communautaire et la Politique de Défense, ainsi qu'en tant que Rapporteur pour
la Roumanie au sein du Parlement Européen, je vous suis reconnaissante de me donner l'occasion
de pouvoir commenter vos propos.
Laissez moi d'abord aborder la situation générale. La Roumanie d'aujourd'hui est une démocratie
solidement établie avec un gouvernement librement élu et stable.
Elle est candidate à l'adhésion à l'OTAN avec d'excellentes chances de succès et elle joue
un rôle hautement respecté dans les affaires de Défense régionale en Europe.
La Roumanie est sur le bon chemin pour devenir un membre à part entière de l'Union Européenne
et elle est un élément essentiel dans le processus d'élargissement de l'Union Européenne par
lequel 12 nouveaux états membres sont en excellente position pour nous rejoindre dans un futur proche.
Cette année, la Roumanie a présidé l'OSCE (l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en
Europe) et, au travers du Pacte de Stabilité, est complètement impliquée dans la Politique de
Sécurité de l'Europe du sud-est.
Inévitablement, suite à l'amer héritage laissé par l'ancien dictateur Ceaucescu, et sous le poids
de la pauvreté qui en a résulté, les systèmes social, de santé et d'éducation de la Roumanie se
sont développés lentement.
Les enfants, les personnes âgées et les handicapés, ainsi que les personnes sans emploi, sont ceux
qui en ont le plus souffert.
Les réformes concernant la santé et le développement des enfants ont été très justement choisies
par beaucoup de roumains et autres experts pour être de réelles priorités;
pourtant les actions ont été insuffisantes pendant la première décennie de liberté en Roumanie.
Des élections législative et présidentielle se sont tenues en Roumanie en novembre 2000.
La bonne nouvelle est que, sous l'impulsion du nouveau gouvernement, un changement majeur
et bénéfique est en cours, qui positionne les familles et les enfants comme une haute
priorité nationale.
Après une longue période d'élaboration, le nouveau Premier Ministre a annoncé en Juin de
cette année le programme de réformes radicales qu'a conçu son gouvernement pour la santé et
le développement des enfants.
Une excellente aide professionnelle pour soutenir le programme du gouvernement dans la durée
a été offerte et acceptée par l'OMS et l'UNICEF.
Plusieurs recrutements cruciaux ont été réalisés dans l'Administration. Des experts ministériels
ont été mobilisés et se réunissent désormais régulièrement sous la responsabilité du directeur
général du Groupe Supérieur pour les Enfants Roumains, le consultant expérimenté de l'OMS le
docteur Richard Alderslade.
Le gouvernement a révisé les budgets national et locaux afin qu'ils soient plus adaptés à la
situation des familles et des enfants. La Commission Européenne travaille en étroite collaboration
avec le gouvernement pour l'attribution de fonds conséquents dont on a identifié avec soin la
cible afin que l'aide soit réellement apportée là où elle est nécessaire.
Un programme aussi étendu nécessite un cadre législatif précis et une justice de qualité pour
faire appliquer la loi. Ces deux sujets sont traités : une Loi pour l'Enfance exhaustive est à
l'état d'avant-projet et la constitution de Courts Familiales de Justice est une forte probabilité.
Vous trouverez les détails de cet important travail national dans les documents joints.
D'autres encore sont disponibles si vous le souhaitez.
Je reviens maintenant à votre lettre. Je remarque que votre recommandation pour les enfants
abandonnés par l'un ou les deux parents aux soins de l'Etat est l'adoption internationale,
qui sort l'enfant de son environnement et de son pays et le place dans une famille aux USA ou ailleurs.
Pour remettre vos suggestions dans le contexte, je vous encourage très vivement à étudier la
Convention sur les Droits de l'Enfant des Nations Unies.
C'est une législation primordiale concernant les enfants qui a la force d'un Traité International.
191 états membres des Nations Unies, y compris la Roumanie, ont ratifié cette convention, ce qui
est un nombre record dans l'histoire.
Les USA et la Somalie sont malheureusement les seuls pays qui n'ont pas ratifié cette convention.
L'article 7 établit sans équivoque que "l'enfant doit être déclaré immédiatement après sa naissance
et doit avoir..., autant que faire se peut, le droit de connaître ses parents et d'être soignés
par eux";
l'article 21b précise de plus que l'adoption internationale ne peut être envisagée que quand
toutes les autres options (telles que famille d'accueil, adoption nationale ou tout autre moyen
qui permet de prendre soin de l'enfant dans son pays d'origine) ont été considérées et rejetées.
Le fait que la Roumanie ait précédemment négligé cet article, ainsi que d'autres clauses
fondamentales de la Convention, a conduit à une réduction ou une violation inacceptable des
droits de l'enfant, abandonné ou pas, ces dernières années.
L'Union Européenne a inclus à juste titre cette convention dans l'ensemble de la loi
communautaire ("l'acquis communautaire") que tous les candidats à l'accession à l'Union
doivent satisfaire avant leur entrée.
Je comprends parfaitement que, les Etats-Unis n'ayant pas ratifié la Convention des Nations Unies,
vous ne vous sentiez pas lié par ses obligations.
Cependant la Roumanie prend très au sérieux ses responsabilités légales internationales et
la Convention des Nations Unies l'emporte de très loin sur les autres conventions conclues
par ailleurs, telles que la Convention de la Haye, que les USA soutiennent désormais.
Néanmoins, la Convention de la Haye ne figure pas dans la loi de l'Union Européenne tandis que,
comme je l'ai déjà dit, la Convention des Nations Unies sur les Droits de l'Enfant et la
Déclaration des Droits de l'Homme y figurent dans leur intégralité.
En conséquence de cette mauvaise application de la Convention des Nations Unies dans le passé,
le déplacement des enfants roumains par l'adoption internationale a été utilisé comme solution
à la crise continue des services sociaux pour l'enfance, ceci depuis 10 ans maintenant,
faisant globalement de la Roumanie la troisième plus importante source d'enfants après la
Russie et la Chine.
L'aimant financier de l'adoption internationale et, en conséquence, la pression exercée sur
les mères pour qu'elles abandonnent leurs bébés et leurs très jeunes enfants ont détourné
les ressources nécessaires aux services de santé et de protection de l'Enfance qui n'ont
pour ainsi dire pas été réformés jusqu'à l'arrivée du gouvernement actuel;
une situation complètement inacceptable. Maintenant, les réformes mènent des milliers d'enfants
hors des institutions et vers une vie normale (20 000 rien que ce mois-ci) et des fonds ont
commencé à se déverser localement à destination des familles.
Plusieurs de mes correspondants américains ont évoqué la question de l'existence d'un trafic
d'enfants et d'organes.
La Roumanie se trouve au cœur de l'Europe et Interpol confirmera que la chute de l'Union
Soviétique a alimenté un système de trafic préexistant dans ses anciens états satellites
dont des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants souffrent chaque année.
La Roumanie n'a pas échappé à ce fléau moderne que sont les filières organisées de trafics
criminels qui opèrent fréquemment sous le couvert de supposées adoptions internationales.
C'est pour cette raison que le Premier Ministre, fortement soutenu par l'Eglise Orthodoxe
et l'Union Européenne, a suspendu les adoptions internationales comme son voisin, la Moldavie.
Puisque seulement 7% des roumains sont favorables à l'adoption internationale pour résoudre
le problème des enfants abandonnés, cette politique est la bonne pour le peuple roumain.
Comme le Vice-Patriarche de Roumanie l'a déclaré récemment, "la Roumanie n'est pas si pauvre
qu'elle ne puisse s'occuper de ses propres enfants".
89% des roumains suivent les rites de l'Eglise Orthodoxe et 79% souhaitent adhérer à l'Union
Européenne. Nous devons respecter leurs choix.
Merci encore de m'avoir donné une chance de répondre à vos préoccupations.
J'espère que ma lettre, accompagnée des dossiers des gouvernements concernés, de l'Union
Européenne et des Nations Unies, que j'y ai joints, vous aura persuadé de soutenir les
décisions du Gouvernement roumain sur des affaires touchant les enfants roumains maintenant
et dans le futur. C'est la meilleure façon d'aller de l'avant.
Sincères salutations
Baronne Nicholson de Winterbourne, député européen.
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